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2024-02-09 23:53:48 +01:00

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author = "Miles Davos"
title = "Le carcan"
date = "2024-02-09"
tags = [
"nouvelle","microessai","société"
]
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Des rires percèrent tel un soleil radieux la brume de ma fatigue.
Las, je ne voulais quune chose linstant davant. Me recroqueviller, en ermite, hors des affaires des hommes et des femmes qui nont quune pensée : largent. Pour le pouvoir sinon pour la survie.
Si javais pu me cloîtrer dans un village du Haut Atlas loin de légotisme, du népotisme, et des esprits étriqués, je laurais fait. Cependant, je danse comme les autres. A contrecœur. Mais je danse quand même, traînant mes chaînes et mes boulets.
Un temps, je métais cru libre. Un temps, javais espéré que la révolte viendrait, face à tant de cruauté, de misère, et dinconscience. Je pensais que cela aurait fait la tare de la grande balance, pour un siècle ou deux, avant de devoir recommencer.
Puis je me suis penché vers lhistoire, celle des vainqueurs, mais aussi, quand elle fut à portée de main, celle des vaincus. En même temps, jobservais le monde, mon monde, senfoncer par légrégore des avides impavides et leurs armées de laquais.
Puis jai vieilli et avec le peu de dents qui me restaient, je me suis mis à mâcher ma colère afin de la digérer, infectant ainsi chaque fibre, chaque tissu de mon être. Inexorablement se courbaient mon échine et mon dos.
Tandis que je ruminais ma fatigue et mon romantisme, je les vis devant moi. Gais, joyeux, insouciants, débordant de vie et dénergie. Des non-adultes qui nont pas encore revêtu masque et individualisme. Marchant bras dessus bras dessous. Comme ça. En toute spontanéité.
Je sentis un sang nouveau circuler dans mes veines, un sourire se dessiner aux commissures de lèvres trop longtemps tirées par la gravité.
Pourquoi ? Pourquoi ny arrivons-nous pas ? À faire comme eux. À nous soutenir les uns les autres ? Pourquoi accepter dêtre misérables, vénaux, bourrus ? Pourquoi donner la sève de nos vies pour une poignée dinhumains et faire semblant que tout va bien ?
Quand avons-nous tous bifurqué, nous éloignant de cette belle lumière que nous portions toutes et tous en nous ?
Par quelle formule maléfique nous sommes-nous toutes et tous transmutés ? En lâches.