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Raw Blame History

+++ author = "Miles Davos" title = "Chronique - Notes sur le sumo" date = "2024-02-24" tags = [ "bd","critique","chronique" ] ISBN = "9782916383002" +++

Samedi pluvieux. Samedi maussade. Fatigue et lassitude. Je pourrais passer ma journée à comater. Collé à un écran. Me remplissant le crâne de vacuités et dinanités.

Lève-toi. Bouge-toi, me dis-je. Je trouve lénergie de chevaucher mon cycle jusquà la librairie.

Un objectif précis. Qui fera lobjet dune prochaine chronique. Je latteins. Rapidement. Pas question de repartir tout de suite. Envie de traîner mes guêtres à travers les rayonnages remplis, les tables jonchées de bandes dessinées. Un temple dédié au 9e art.

Cest là, dans la section « indé » que se trouve le rayon consacré aux Éditions Matière. Celles-là mêmes qui publièrent « zboing zboing ». Jy déniche plusieurs pépites dont une, de 2007 : « Notes sur le sumo », de Laurent Bruel et Risto.

Me voilà au chaud, les bras chargés de victuailles riches en cases et bulles.

Je me sers un verre de vin. Un bon petit Corbières de derrière les fagots, accompagné dun bon pain aux graines, de Comté réserve de chez Marcel Petit, et de « Notes sur le sumo ».

Voyons dabord le dessin de Risto. Sacré coup de crayon. Et il se meut dans les cases comme bon lui semble. Jaime beaucoup. Quelques planches sont magnifiques. Je pourrais passer des heures à les contempler, à en mémoriser chaque détail.

Le texte de Bruel me nourrit, minstruit. Japprends que le sumo fut un sport « populaire », un sport du peuple auquel sadonnaient petits et grands. Et quand ils étaient grands, ils étaient du genre vieux et éméché. 45, 50 kilogrammes. Au mieux. Les combats se faisaient à lextérieur, à même la terre battue. Dans la rue. Cétait fête.

Puis le bitume. Plus question de se faire jeter sur un sol à vous en casser les os. Il ne restait plus que des lutteurs professionnels. Qui se mirent à gagner du poids vers le milieu du 20e siècle. De plus en plus. Poussés par le besoin, lenvie de force et de stabilité.

Ainsi donc. Les sumotoris, tels que nous les connaissons, nont pas toujours eu cette forme, ce volume.

Bien des aspects changèrent. Ce qui na pas changé toutefois, cest lengouement du peuple pour les combats. Qui ont désormais lieu dans des espaces dédiés à cela. Hommes, femmes. Attentionnés ou dispersés. Jusquà ce quun mouvement, une technique commande le silence, la concentration. Et là, le peuple. Uni. Pendant une minute ou même une seconde. Mais quimporte, car uni. Cest donc possible.

Et pour finir cette chronique, la petite touche qui finit de me combler. Le texte, en français, est traduit dans les marges en japonais. Excellente idée.

Notes sur le sumo. Laurent Bruel, Risto. Éditions Matière. 13 €.