Chronique : Horizons obliques

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author = "Miles Davos"
title = "Horizons obliques"
date = "2024-04-28"
tags = [
"chronique", "critique", "bande dessinée", "bd", "anticipation"
]
ISBN = "9791026828013"
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Cela fait une éternité que je nai pas lu une bande dessinée deux fois de suite. Happé par lunivers quelle dépeint, lhistoire, les couleurs et moult autres détails.
« Horizons obliques » de Richard Blake est une œuvre impressionnante. A tout point de vue. Dautant plus quil sagit de la première bande dessinée de ce peintre new-yorkais, nourri aux œuvres de François Schuiten et dautres grands noms du 9e art de ce côté-ci de lAtlantique.
![](/images/horizons-obliques-1.jpeg)
Nous sommes en 2040. Lhumanité découvre une dimension parallèle, faite de continents et paysages qui se forment et se déforment, procédant dun mouvement, semble-t-il, éternel de construction-déconstruction.
Lexploration peut commencer, même si la mission est de prime abord impossible. Car comment cartographier linstabilité, la fuite, lirruption. Comment cerner les contours dune image mouvante.
On lance dabord des drones chargés dIA. On accumule les données, on simule et on calcule. Puis vient le moment denvoyer des téméraires. Un couple de cartographes se porte volontaires. Tout se passe bien jusquà ce que le contact soit rompu. Leur jeune enfant, une fille, laissée derrière, perçoit grâce à son don de clairvoyance que ses géniteurs sont toujours vivants.
Une mission de sauvetage sorganise. Elle va nécessiter plusieurs années de préparation durant laquelle on va tenter quelque chose de tout à fait inédit. Coupler lesprit de lenfant à celui dune IA dotée dun corps. Solidifier le lien entre les deux entités jusquà ce que le regard de lun devienne celui de lautre. Puis envoyer lIA, guidée par lhumaine, à travers le portail liant notre monde avec La Passerelle ; ainsi fut nommée cette autre dimension.
Dès les premières pages, on ressent vivement linfluence des « Cités obscures » du duo Schuiten-Peeters — des pièces magistrales dans le monde du 9e art — sur « Hexagon Bridge », titre original sous lequel est paru « Horizons obliques ».
Cette influence sétend non seulement à larchitecture, magistrale, mais aussi à latmosphère si prenante, si étrange qui enveloppe ces horizons obliques dans lesquels on aimerait se perdre à tout jamais.
![](/images/horizons-obliques-2.jpeg)
Blake fait preuve dune grande retenue qui est à saluer. Contrairement à dautres auteurs douvrages de science-fiction et danticipation, il ne cherche pas à nous en mettre plein la vue. Au contraire. Son minimalisme renforce lintérêt des lectrices et lecteurs pour La Passerelle, leur donnant limpression dêtre aux côtés de Staden, lIA susmentionnée, dans sa quête. Les silences, la mise en couleur, larchitecture, rehaussent le scénario et les émotions qui le parcourent. Cest véritablement ingénieux.
Lair de La Passerelle semble chargé de particules lynchiennes. Blake aurait-il aspiré la brume de Twin Peaks pour en arroser ses planches ? Je ne sais pas. Mais mon saisissement est bien là. Jusquà la dernière page et ce beau clin dœil à un autre art quAlexandre Dulaunoy, cet autre flibustier de votre sillon, pratique à merveille.
[Horizons obliques](https://www.urban-comics.com/horizons-obliques/). Richard Blake. 19,91 €.

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