Micro-essai : James Brandon Lewis Quartet

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Miles Davos 2024-04-26 07:55:30 +02:00
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author = "Miles Davos"
title = "Un astre nommé James"
date = "2024-04-26"
tags = [
"micro-essai","musique","jazz"
]
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Les lumières séteignent partout, sauf là où le public est amené à diriger son attention et son regard durant le temps qui vient.
Le brouhaha cesse, remplacé par un silence parcouru de soubresauts. Un silence dans lequel on peut déjà entendre la clameur qui sannonce.
Ils montent sur scène, droits, fiers, prêts à tout donner. Ils se mettent en place et ils commencent, sans faire attendre celles et ceux qui sont venus pour les voir.
Dès les premiers instants, des frissons parcoururent léchine des présents. On sent que nous sommes à un tout autre niveau. En les regardant, jai eu la vive impression quils donnaient des bouts deux-mêmes, une inénarrable alchimie les connectant entre eux et au public.
Soudain un flash. Je voyais devant moi des passages, réinterprétés certes, de « [Total Jazz](https://www.cornelius-boutique.com/product/total-jazz) » de Blutch. Une des meilleures bandes dessinées jamais écrites sur cette terre incroyablement fertile aux mille variétés, et à la géographie éternellement recomposée afin que larpenteur jamais ne sen lasse.
James Brandon Lewis se dresse tel un lion, impressionnant, le regard tourné vers son âme afin den extraire la substantifique sève et la souffler à travers son tenor sax quil manie avec une inconcevable dextérité. On le sent habité, investi dune mission céleste, cherchant tel un sage millénaire léquilibre entre les forces qui parcourent ce monde.
Soutenu par des musiciens hors pair, Aruán Ortiz au piano, Brad Jones à la contrebasse, et Chad Taylor — celui-là même qui sublimait les enregistrements de la très regrettée Jaimie Branch — à la batterie.
Cela fait presque trois décennies que jexplore terre jazz, que jen essaie den cerner les contours, que jen hume la brise et lair, que jen découvre sans cesse de nouveaux recoins. Toutefois, rares sont les fois où mes pas croisèrent ceux de ces géants légendaires en dehors des mausolées et autres cimetières.
Mais hier, lastre James, accompagné de ses trois satellites, éclaira mon chemin pendant plus dune heure quarante, jusquà lentrée dune clairière dans laquelle, [transfiguré](https://songwhip.com/jamesbrandonlewisquartet/transfiguration2024), je me suis senti infiniment bien, tout lépiderme de mon être en contact avec la chaleur diaphane dun incommensurable bonheur.